7.5/10Les Gosses - Tome 12 - On assure grave !

/ Critique - écrit par iscarioth, le 13/05/2006
Notre verdict : 7.5/10 - Des bleus et des gosses (Fiche technique)

Que l'on soit parent ou enfant, on se reconnaît forcément au moins un peu dans cette série, qui a aussi le mérite de faire grandir et évoluer ses personnages. Les gosses, c'est bon, mangez-en !

Carabal est un dessinateur de presse. Caricaturiste pour être plus précis. Il a roulé sa bosse depuis de nombreuses années : Maxi, Le Figaro, Le Nouvel Obs... et a aussi travaillé pour la publicité. Milieu des années quatre-vingt-dix, l'auteur dessine quelques planches de bande dessinée s'inspirant de ses propres enfants. Ces planches ont été, dès 1995, publiées dans les pages de Femme Actuelle (d'où le stickers sur ce douzième tome : « Femme Actuelle aime »). Depuis 1997, les gags de Carabal et de sa petite famille sont publiés au format album, chez Dupuis. Douze tomes sont parus à ce jour. Une série humoristique de plus, pouvons nous préjuger à la vue des premières de couverture. Et bien non.


Les gosses
nous raconte le quotidien d'une petite famille tout ce qu'il y a de plus commun : un couple, trois enfants. Deux frères : Cyril et Romain, et une toute petite soeur, Lola. Des séries humoristiques de ce genre, il y en a déjà une flopée, que ce soit en librairie ou dans les supermarchés. Souvent, ce genre d'albums s'enfonce dans l'un des deux écueils majeurs :

  • la surenchère - L'archétype étant Titeuf. A la base, une série novatrice par sa liberté de ton, mais rapidement lassante et hypocrite. Une accumulation des albums calqués sur les mêmes recettes, une exagération énervante, de la stigmatisation, de la vulgarité, voire même de l'autoparodie involontaire.
  • Le politiquement correct - L'exemple le plus flagrant étant Cédric. Pas de gros mots, une famille traditionnelle, où chacun est à sa place. Des gamins qui jouent aux billes et des parents qui fument la pipe en charentaises près de la cheminée. Aucune critique, aucun arrière-plan sociologique, aucun clin d'oeil, aucune pertinence.


Les gosses
ne tombe dans aucun des deux écueils. Rien que pour cela, la série doit être reconnue comme étant d'un bon niveau. Les dialogues sont à ce sujet fort révélateurs. On ne joue pas de la grossière caricature anti-jeune tout en soulignant certains comportements propres à l'âge adolescent. Le langage n'est pas académique ni sclérosé, on rencontre ça et là quelques insultes sans que cela ne devienne répétitif ou racoleur.

Il n'est pas étonnant de lire que Carabal s'est inspiré de sa propre vie de famille pour écrire ses planches. Les histoires contées sentent le vécu. Carabal ne semble pas toujours rechercher la chute, le gag hilarant. Il propose surtout de dépeindre une réalité qui prête forcément à sourire pour ceux qui la connaissent. Et quoi de plus universel que la famille ? Une mère protectrice (comme toutes les mères), des frangins gentiment impertinents et nonchalants (comme tous les ados), un bébé capricieux (comme tous les bébés, eh oui, elles nous testent dès le plus jeune âge, ces petites bêtes-là). Côté dessin, le trait de Carabal se situe quelque part entre Sempé et Reiser. Très esquissé, mais doux, sans accélérations.


Que l'on soit parent ou enfant, on se reconnaît forcément au moins un peu dans cette série, qui a aussi le mérite de faire grandir et évoluer ses personnages. Les gosses, c'est bon, mangez-en !