8.5/10La Guilde de la mer - Tome 1 - Au point de devant

/ Critique - écrit par iscarioth, le 12/05/2006
Notre verdict : 8.5/10 - Prometteur (Fiche technique)

Nancy Peña, comme sa première série La guilde de la mer, semble promise à un brillant avenir.

Copyright La boite à Bulles, Nancy Pena En voilà, une série d'avenir ! La guilde de la mer est l'une des nouveautés les plus remarquées de La boîte à bulles pour cette année 2006. Et pour cause, l'univers présenté est largement à la hauteur de la réputation de l'auteur du Cabinet chinois, Nancy Peña. Au point de devant nous présente un monde partagé en races, qui vivent de manière bien séparée et cloisonnée géographiquement. Chacun reste sur son île. Toutes les créatures sont largement inspirées du monde animal. Il y a tout d'abord les murides et les sinois, opposés comme peuvent l'être les souris et les chats. Le personnage principal, Gib, est un métis. Il est l'enfant d'une sinoise et d'un muride. Paria sur son île, il est un jour poursuivi par la police et ne trouve pas d'autre issu que de se jeter à la mer. Le jeune Gib est finalement repêché par une bande de pirates et amené sur « la guilde de la mer », une espèce de plaque tournante, un centre marchand à la croisée des mondes. Hormis sinois et murides, on découvre au fil de la lecture d'autres espèces : les lycaniens (lycanthropes, loups-garous), les reptons (reptiles). Et nous n'avons pas encore terminé le panorama du bestiaire, soyons-en sûrs.


La guilde de la mer
nous prouve dès le premier tome qu'elle sera une série d'ambiance et d'allégories. Les premières pages de l'album nous immergent dans une atmosphère de délation, de flicage et d'autoritarisme. Le racisme est fort et la société dépeinte semble distinguer les différentes couches sociales de sa population grâce à des codes vestimentaires. Et, forcément, face à toute oppression, il y a des actes de résistance. L'action démarre très vite et les péripéties sont ponctuées par de discrètes et appréciables touches d'humour. Cette tonalité pourra rappeler quelques souvenirs aux lecteurs d'
Isaac le pirate. Pour ce qui est de la réalisation graphique, il est à remarquer que Nancy Peña fait partie de ces auteurs, encore trop rares, dont le style, caractéristique, se reconnaît dès le premier coup d'oeil. L'univers de la Guilde nous rappelle ce qu'était le monde au 19ème siècle, avec ses architectures et ses allures orientalistes. On soulignera les jeux de planches aux pages 12, 22 et 32, avec une vignette unique, compartimentée dans le sens de la marche. Un sens de la lecture et une façon de penser la bande dessinée novateurs, dans l'esprit des avancées faisant suite à la révolution Chris Ware.


Nancy Peña, comme sa première série La guilde de la mer, semble promise à un brillant avenir. On attend avec impatience son prochain album.