7/10Repo Men

/ Critique - écrit par Lestat, le 19/07/2010
Notre verdict : 7/10 - Le Coeur des Hommes (Fiche technique)

Tags : repo film men remy anglais films union

Dans un futur proche où les organes artificiels sont devenus une marchandise comme une autre, l'Union est en charge de vendre la manne biomécanique et de faire cracher les usagers au bassinet. En cas d'impayés, surgissent les Repo Men, chargés d'ouvrir le cuistre à la barbare pour récupérer coeur, foie, reins...

Dans un futur proche où les organes artificiels sont devenus une marchandise comme une autre, l'Union est en charge de vendre la manne biomécanique et de faire cracher les usagers au bassinet. En cas d'impayés, surgissent les Repo Men, chargés d'ouvrir le cuistre à la barbare pour récupérer coeur, foie, et autres reins. Remy est un Repo Man qui fait bien son boulot. Jusqu'au jour où un accident de travail le contraint à un coeur artificiel qu'il ne peut pas payer...

Repo Men partait de manière douteuse, puisque le cinéphage attentif aura remarqué la similarité de son à-propos avec Repo ! The Genetic Opera, projet musical et clinquant porté à bout de bras par Darren Lynn Bousman, réalisateur de trois Saw sur six. L'ironie veut que Repo ! soit relégué à la case galette, là où Repo Men bénéficie d'une sortie salle, technique, mais qui a le mérite d'exister. A la question de l'oeuf et de la poule, on notera malgré tout que Repo Men s'affiche explicitement comme une adaptation du roman The Repossession Mambo d'Eric Garcia, bombardé coscénariste pour l'occasion. Ce qu'il fallait dire étant dit, passons au film, qui à la manière du récent Clones de Jonathan Mostow joue la carte de l'anticipation sobre un peu suranée, mâtinée de la couche de gore à la Nip/Tuck que sous-entendait son postulat agréablement barré. En somme et en gardant toutes proportions, Repo Men aurait pu être tourné par l'enfant mutant de Paul Verhoeven et David Cronenberg, l'ombre du Hollandais Violent planant sur la peinture cynique d'une société à la Robocop pendant que l'esprit du Maître de la Chair s'invite dans une ahurissante séance de mutilation érotique. Ballottés tels des balles de ping pong entre ces deux univers pas forcément antinomiques, Jude Law règle ses problèmes existentiels avant de se la jouer Steven Seagal en dézinguant du costard-cravate à coup de marteau et de couteau à steak, pendant que Forest Whitaker se promène et arrache des organes en se marrant comme un bossu.

Repo Men, joyeux foutoir sympathique ? La greffe ne prend pas totalement. Trop long, le film aurait mérité d'être plus ramassé et n'évite pas un ventre-mou assez préjudiciable à mi-parcours. Trop référencé, Repo Men donne une impression de déjà-vu assez permanente. Faire basculer le film du surréalisme fun à un réalisme glauque  était une idée de bon aloi, mais le réalisateur échoue à imposer complètement son spleen futuriste, sans cesse contrebalancé par une descente d'organe bien pâteuse ou une baston hystérique. D'autant plus dommage que Miguel Sapochnik prend un plaisir évident à lever les hommes les uns contre les autres et n'a visiblement de leçon à prendre de personne lorsqu'il s'agit de filmer un bourre-pif. Quant au twist final, il a le mérite d'être bien amené et de chambouler un minimum, mais n'invente pas la poudre pour autant.

Du coeur, de l'estomac, un peu de cerveau. Repo Men remplit son contrat. Sans doute aurait-il fallu, effectivement, un Verhoeven ou un Cronenberg pour exploiter son univers et son sujet, lui apporter le grain de folie ou l'aspect medico-dérangeant qu'il appelait. Le générique de fin arrivé, on retiendra la prévision angoissante d'une humanité bionique et surtout la crédibilité de Jude Law en super-guerrier, ce qui n'était pas une mince affaire. En composant des scènes d'action "réalisées", "rythmées" et "montées", Miguel Sapochnik lui trouve le bon écrin, et au passage nous lave les yeux d'une shaky-cam devenue la peste du genre. Un réalisateur à suivre. Et un film plus apte à dévoiler ses qualités sur canapé, qui de fait méritera un nouveau jugement en DVD.